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LA COMMISSION DES DROITS ACCORDE 15 000 $ À UN AGRONOME ARABE VICTIME DE RACISME À L'EMBAUCHE


Montréal, le 22 février 2007 ---- Un agronome arabe ayant déposé une plainte de discrimination fondée sur l'origine ethnique contre la Coopérative fédérée agricole du Québec (CFQ) pour avoir rejeté sa demande d'embauche à cause de son nom arabe, a gagné son combat de trois ans devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec.

Kamal El Batal est un citoyen d'origine marocaine, détenteur d'une maîtrise en économie rurale, un post-MBA en financement agricole d'entreprise et aussi membre de l'Ordre des Agronomes du Québec. Entre 2000 et 2003, il a soumis à 15 reprises sa candidature à la compagnie sans obtenir de réponse. En 2003, il a posé sa candidature à la CFQ pour un poste de stagiaire en gestion. Il a d'abord envoyé son CV sous le nom de Kamal El Batal et n'a guère obtenu de réponse; il a alors essayé d'envoyer le même CV, sous le nom de Marc Tremblay. Cette fois, « Marc Tremblay » a obtenu un entretien téléphonique et sa candidature a été retenue pour l'entrevue finale de sélection.

En soupçonnant le racisme anti-arabe, monsieur El Batal a déposé une plainte à la commission des droits de la personne en janvier 2004, revendiquant ainsi neuf mois de salaire et 45 000 $ pour dommages moraux et punitifs. Dans une décision prise le 26 janvier dernier, la Commission a exigé de la CFQ 10 000 $ de dommages moraux et 5 000 $ pour la perte de chance. La décision n'a fait aucune mention de dommages punitifs ou de mesures que la CFQ devra adopter pour éliminer les barrières discriminatoires et augmenter la représentation des minorités au sein de son personnel.

Malgré cette nouvelle de bonne augure, monsieur El Batal reste amer, principalement en raison de la durée de l'enquête de la Commission. Frustré par le délai et par d'autres obstacles bureaucratiques à la Commission, il a dû faire appel aux services du CRARR. Certains des problèmes qu'il a a rencontrés, comprennent :

  • Retards et délais : pendant des mois, il ne pouvait pas obtenir une mise à jour de son dossier. Dans un cas, la Commission a pris presque six mois pour entrer en contact avec la partie mise en cause pour des informations supplémentaires; et
  • Manque de considération face aux preuves cruciales de la part du premier enquêteur, menant le CRARR à demander un changement d'enquêteur.
  • « Sans l'appui du CRARR, je n'aurais jamais pu durer aussi longtemps ce calvaire, parce qu'il a été tout aussi pénible et décourageant de traiter avec la Commission que de traiter avec la compagnie mise en cause elle-même. Si j'étais seul, j'aurais laissé tomber ma plainte, il y a longtemps », a-t-il dit.

    La timidité des mesures de redressement proposées le laisse perplexe. « Si la Commission a pris autant de temps pour arriver avec une telle décision, les victimes du racisme dans l'emploi devraient se demander si cela vaut la peine d'y recourir ».

    « Je m'attends à ce que la Commission exige au moins des mesures de redressement dans l'intérêt du public telles une révision obligatoire des procédures d'embauche ou la mise en oeuvre d'un programme d'accès à  l'égalité pour corriger la sous-représentation drastique des minorités visibles au sein de la CFQ », dit-il. « Franchement, ces dommages conversateurs ne feraient rien pour prévenir les autres employeurs de pratiquer l'exclusion et la discrimination au Québec », ajoute-il.

    Ceci étant dit, M. El Batal croit que son cas crée un précédent parce qu'il révèle un des secrets les mieux gardés du marché de l'emploi : le fait d'avoir un nom arabe sur un CV est un énorme fardeau pour les citoyens ou les résidants permanents hautement qualifiés. Le débat émotionnel sur les accomendements raisonnables peut faire hésiter beaucoup d'employeurs avant d'embaucher quelqu'un qui est ou qui a un nom arabe ou musulman.

    Malgré ce préjugé, M. El Batal encourage des chercheurs d'emploi d'origine arabe ou non judéo-chrétienne à ne pas changer leurs noms ou employer le style à la française « CV anonyme » comme une façon d'éviter un rejet à l'étape de la présélection.

    « Nous ne pouvons pas nous cacher dans un pays dirigé selon des Chartes des droits et libertés et les lois qui exigent que des employeurs mettent en oeuvre l'équité en matière d'emploi pour les minorités », dit-il. « Nous devons faire face au racisme dans le marché de l'emploi de front ».

    M. El Batal fera don d'une partie des dommages au CRARR pour aider à développer une stratégie de testing anti-raciste dans la recherche d'emploi et pour aider les Québécois et Québécoises issus des minorités qui sont victimes de racisme dans l'emploi. « Je veux un groupe comme le CRARR pour aider à traduire en justice les employeurs qui discriminent à  l'étape du recrutement et de la sélection », a dit M. El Batal.

    La CFQ a jusqu'au 9 mars pour se conformer avec la décision de la commission des droits de la personne, à défaut de quoi le cas sera référé devant le Tribunal des droits de la personne.