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RACISME ET CRIME HAINEUX : UNE VOISINE BLANCHE DOIT PAYER 40 000 $ À UN COUPLE HAÏTIEN


Montréal, 10 février 2012 --- La Commission des droits de la personne et des droits de la la jeunesse (CDPDJ) a accordé 40 000 $ à un couple d'origine haïtienne qui a été victime de harcèlement et de discrimination raciale de la part d'une voisine blanche.

En 2010, F. et C., un couple de professionnels noirs dans la trentaine, qui vivait avec leur fille et leur nièce un quartier de classe moyenne à Ahuntsic, a subi de l’intimidation et des harcèlements perpétuels de la part d’une Québécoise, N.R., qui avait emménagé à côté de chez eux en 2009. Le couple, les enfants et leurs amis ont été exposés à des injures verbales réitérées et même à des actes de vandalisme de la part de N.R., au point où il a fallu, à plusieurs reprises, faire intervenir la police. Les insultes racistes incluaient « nègres » et « négresse », ainsi que des remarques sexistes et sexuelles à propos de C. en tant que femme noire. De surcroît, il y a eu menace de faire exploser la voiture du couple et des actes tels que des pneus crevés et des crachats sur le véhicule
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Le couple, ne pouvant plus supporter ces actes fréquents de racisme violent, a mandaté le CRARR pour déposer une plainte de discrimination contre N.R., et pour prêter soutien dans la procédure criminelle de façon à s’assurer que la Couronne et le tribunal prennent en compte la haine comme facteur aggravant dans la détermination de la peine. Le couple a fini par déménager du quartier.

En janvier 2011, N.R. a été accusée d’infraction criminelle et déclarée coupable d’actes motivés par la haine de harcèlement criminel, de menaces et d’intimidation. Elle a été condamnée à une peine d’emprisonnement d’un an (avec sursis) et à une période de probation d’un an. Au cours de son procès, elle a justifié l’emploi fréquent du terme « N » pour appeler le couple et leurs enfants comme étant une habitude d’un village au Québec où les personnes noires sont souvent appelées « nègres ».

Dans la décision rendue en novembre 2011 et envoyée aux parties la semaine dernière, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a ordonné à N.R. de payer au couple 30 000 $ de dommages moraux et 10 000 $ de dommages punitifs.

Le couple, qui veut garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, considère que la décision envoie un signal très fort à toutes personnes qui croient que, de nos jours, il est encore toléré de traiter les Noirs de « N- », ou de commettre du harcèlement et de l’intimidation à l’endroit d’une personne pour des motifs raciaux.

« À la veille du Mois de l’histoire des Noirs, cette décision ne pourrait pas être plus opportune. Nous tous devons nous assurer que le racisme, notamment le racisme violent, est puni de peine sévère. Nous encourageons les membres de la communauté haïtienne à suivre notre exemple : défendez vos droits ! », a dit le mari.

Selon Fo Niemi, directeur général du CRARR, « Il n’existe pas un permis qui autorise la haine, ou la haine en toute impunité. Nous entendons parler d’un trop grand nombre de cas en milieu de travail, résidentiel et dans les écoles, où les Noirs sont interpellés par le terme “N”, et aussi d’individus noirs qui ne prennent pas de mesures pour se défendre. Cette décision servira, nous l’espérons bien, à convaincre les gens que la justice raciale est possible ».