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LE RACISME DANS LE SOCCER : UN JEUNE DOIT PAYER 4 000 $ À UN JUGE DE LIGNE ARABE POUR AGRESSION ET INSULTES RACISTES



Montréal, le 31 mai 2011 --- Avec l'aide du CRARR, un juge de ligne de soccer d'origine arabe a eu gain de cause devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec (CDPDJ) qui lui recommande 4 000 $ après avoir été l'objet d'agression et d'insultes racistes par un jeune d'origine italienne.

Aujourd'hui âgé de 63 ans, monsieur D.S., d'origine algérienne et ingénieur au sein d'une grande entreprise, a été pendant plusieurs années arbitre. Il a également participé à  la Fédération de Soccer du Québec (FSQ) en tant qu'entraîneur et bénévole.

En août 2008, il participe, à  titre d'arbitre, à  un match de soccer à  Saint-Léonard. Suite à  un juron lancé par un jeune joueur d'âge mineur, monsieur D.S. demande à  l'arbitre central d'expulser le jeune selon les règles applicables. Fâché, le jeune se dirige vers monsieur D.S., prend celui-ci par les deux bras pour le pousser violemment, en criant, « F- you, F-ing Arab ». Monsieur D.S. perd l'équilibre et chute. Il ressentira peu après l'incident des douleurs aux bras ainsi qu'un sentiment d'humiliation quant aux propos tenus à  son égard.

Deux rapports disciplinaires ont été ensuite déposés, le premier par monsieur D.S. et le deuxième, par l'autre arbitre. Un comité de discipline provincial de la FSQ est alors constitué pour entendre l'affaire, mais rejette la plainte de monsieur D.S. Le comité exonère le jeune et ne se prononce pas sur le caractère violent et discriminatoire des agissements dénoncés.

Mandaté par monsieur D.S., le CRARR dépose une plainte de discrimination contre le jeune auprès de la CDPDJ, dans laquelle il souligne également l'importance d'imposer une « réprobation sévère de ce geste arabophobe » en raison des préjugés dirigés à  l'encontre des personnes d'origine arabe dans le contexte social actuel.

Transmise la semaine dernière aux parties, la décision de la CDPDJ, prise le 31 mars 2011, exige au père du jeune de payer à  monsieur D.S., avant le 17 juin prochain, des dommages moraux de 3 000 $ et des dommages-intérêts punitifs de 1 000 $, à  défaut de quoi l'affaire sera portée devant le Tribunal des droits de la personne.

« Trois ans d'attente, mais je suis content, car enfin, la Commission des droits m'a pris au sérieux et me donne raison », dit monsieur D.S. « Les organismes de soccer doivent prendre plus au sérieux ce genre d'incidents et se doter de politiques et procédures claires, crédibles et efficaces pour lutter contre la violence et les discriminations dans leurs activités », selon l'ingénieur qui a réduit sa participation depuis cet acte violent.

« Comme on peut le voir dans le monde entier, le soccer est un sport de fraternisation et de rassemblement interculturel à  Montréal, auquel les personnes d'origine arabe, africaine, européenne et latino-américaine participent en grand nombre, mais quand des incidents haineux ont lieu sur le terrain de soccer, il faut agir avec fermeté et rapidité », souligne le directeur général du CRARR.