Fondé en 1983 --Unis pour la diversité et l'égalité raciale

L’AFFAIRE MAMADI CAMARA : UNE ENQUÊTE INDÉPENDANTE S’IMPOSE



Montréal, le 4 février 2021 — L’affaire Mamadi III Fara Camara soulève des questions troublantes auxquelles les autorités du SPVM et le directeur des poursuites criminelles et pénales devront répondre.

Mamadi III Fara Camara, un doctorant à l’École Polytechnique de Montréal, avait été arrêté jeudi soir dernier et accusé criminellement d'avoir désarmé et blessé un policier du SPVM. L'homme de 31 ans, de race noire, était incarcéré depuis près d'une semaine.

Or, les informations révélées par un enregistrement de vidéo surveillance, ont permis de l’innocenter des quatre chefs d’accusation qui pesaient contre lui dont une tentative de meurtre et des voies de fait graves contre un agent de la paix. La poursuite a retiré hier ces accusations et la juge a ordonné sa libération immédiate.

La gestion par le SPVM de cet incident, qui a pratiquement détruit la réputation d’un innocent et profondément affecté sa famille, soulève de graves questions qui devront faire l’objet d’une enquête indépendante. Quelques questions s’imposent : Que savait la police ? Quelle était la description du suspect ? Sur quelle base les accusations ont été autorisées ?

Afin d’assurer à monsieur Camara l’accès à la justice, la protection pleine et entière de ses droits et la restauration de sa réputation et de son honneur, le CRARR considère qu’une enquête indépendante doit être mise sur pied de toute urgence par le Gouvernement du Québec. Une telle enquête est essentielle pour éviter la déconsidération de l’administration de la justice.

Une telle enquête ne doit pas empêcher que d’autres enquêtes soient lancées, notamment par le Commissaire à la déontologie policière et par la Commission des droits de la personne et des droits de jeunesse (CDPDJ), considérant que la race de monsieur Camara pourrait avoir été un facteur dans la manière dont il a été traité.

Notons que la CDPDJ, qui a le pouvoir de lancer une enquête systémique de sa propre initiative, devrait en lancer une dans ce cas-ci, elle qui a souvent prôné la lutte contre le racisme systémique.

L’affaire Camara souligne de nouveau l’importance du port de caméras portatives par les policiers.

L’affaire Camara a porté un coup très dur à la crédibilité et à l’image d’intégrité des autorités policières et judiciaires à Montréal. La confiance du public envers ces autorités a été mise à l’épreuve et elle doit être restaurée à tout prix.

Par ailleurs, ce grave incident nous indique qu’en dépit de toutes les promesses et tous les engagements sans cesse répétés par l’administration de Montréal pour éliminer le profilage racial par le SPVM, nous en sommes encore et toujours au même point : être Noir comporte un risque face aux policiers à Montréal.