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RACISME DANS L’EMPLOI AU PARC JEAN-DRAPEAU : LE CRARR DEMANDE À L’IATSE DE SUSPENDRE SON VICE-PRÉSIDENT LOCAL



Montréal, 3 novembre, 2019 -Le CRARR demande à l’Alliance internationale des Employés de Scène et Théâtre (AIEST) de destituer son Vice-président local suite à sa déclaration controversée sur la situation de racisme dans l’emploi qui perdure depuis trois ans, exposant un employé noir à la discrimination et au harcèlement à la Société du Parc Jean-Drapeau (SPJD).

Le lundi dernier, un article publié dans The Gazette a révélé que M. Bienné Blémur, chef gréeur des scènes au Parc Jean-Drapeau qui est d’origine haïtienne, fut retiré de son poste par le chef machiniste au profit d’un autre employé sous le faux prétexte de l’ancienneté et rétrogradé au chargement et déchargement des camions.

Lors d’un incident, un chef d’équipe lui a lancé, devant d’autres employés, « Fais attention, criss de nèg ! ». Par la suite, M. Blémur a été renvoyé chez lui par le chef machiniste sans aucun motif. Lorsqu’il s’est plaint à son employeur, celui-ci lui a répondu que se faire traiter de « criss de nèg » n’est pas pire que de faire rire de sa calvitie.

Il déposa un grief en août 2016, qui a mené à une médiation et à une entente de règlement enterrinée par un arbitre en juin 2017. Le Directeur général du CRARR, Fo Niemi, et le Vice-président local de l’ AIEST, Richard Soly, participaient à cette médiation. L’entente reconnaît que M. Blémur a été victime de « propos racistes, isolé et exclu » et que l’employeur n’a pas géré « de façon efficace, rigoureuse et adéquate » la situation.

Cependant, l’entente n’a pas été entièrement appliquée. L’ AIEST choisit de faire homologuer l’entente par la Cour supérieure à la fin de juillet 2017 pour supposément forcer la SPJD à respecter l’entente. Pourtant, entretemps, son harceleur est passé de chef d’équipe à chef machiniste par les bons soins de son propre syndicat, ce qui signifie qu’a son retour au travail, M. Blémur devrait travailler sous la supervision de cette même personne.

De fait, ni l’employeur, ni le syndicat n’ont respecté l’entente, forçant M. Blémur à revenir au travail sous l’autorité de la même personne qui avait tenu des propos racistes à son endroit.

Ainsi, au 3e jour du retour au travail de M. Blémur après un an d’absence, ce chef machiniste tente alors de le remplacer de nouveau dans son poste de chef gréeur par le même membre que celui des incidents de 2016. M. Blémur déposa un second grief pour discrimination, harcèlement racial et psychologique.

Puisque le harcèlement n’a pas cessé, M. Blémur a quitté son travail et déposé un 3e grief pour discrimination et harcèlement racial. Peu après, il déposa auprès du Tribunal administratif du travail, une plainte pour défaut de représentation à l’encontre de son syndicat. Depuis 2019, il s’est présenté à trois reprises devant le Tribunal. Il est sans salaire depuis décembre 2018.

Dans l’article de la Gazette, le Vice-président Soly a déclaré ainsi : «“[Le chef d’équipe qui a appelé M. Blémur « crises de nèg », n’a pas fait un commentaire raciste. Il était en colère. Il a été frappé à la tête et il était en colère. Pour moi, c’est un commentaire raciste si la personne le dit à tous les jours. Ça, c’est un commentaire raciste. Mais si la personne n’est en colère qu’une seule fois, ca ne l’est pas.”

Réagissant à l’article, l’AIEST a indiqué dans son communiqué de presse le 30 octobre dernier que « les commentaires de M. Richard Soly, tels que rapportés par la journaliste, ont été formulés à titre personnel. Ces propos ne sont pas l'expression de l'opinion ou de la position de l'A.I.E.S.T., section locale 56, de ses membres ou de ses représentants ».

Selon M. Niemi, « Ce fut quand même monsieur Soly à titre de Vice-président de la section locale 56 qui a parlé à une journaliste au nom du syndicat et le représentant syndical de M. Blémur à la table de médiation en 2017, donc l’importance de sa déclaration ne peut être minimisée. Ses propos ont simplement banalisé le racisme et soulève de sérieuses questions quant à sa capacité de porter adéquatement le dossier de M. Blémur devant les différentes instances », ajoute-t-il.

« Ce n’est pas suffisant pour l’AIEST de se dissocier de son Vice-président dont la déclaration a porté atteinte, de manière irréversible, à la position de l’AIEST. Si le syndicat a une tolérance zéro du racisme, il doit suspendre monsieur Soly de ses fonctions durant l’enquête interne du syndicat international», dit M. Niemi.

Dans un autre développement, en réagissant à la lettre du CRARR adressée au Président international de l’AIEST, Matthew D. Loeb à New York, les avocats du syndicat à Toronto ont indiqué dans une lettre que tout en laissant le dossier traverser le processus interne relatif à la constitution et aux règlements de l’AIEST, un représentant international a été nommé pour débuter une enquête sur la situation dans les circonstances. Entretemps, l’AIEST ne fera « aucun commentaire » sur l’affaire.

« Nous sommes optimistes à l’endroit de l’action du Président Loeb, car elle démontre que l’AIEST International prend cette affaire au sérieux », ajoute M. Niemi.

« On attend encore, cependant, les actions de la SPJD et de la Ville, car au bout des comptes, elles sont ultimement responsables », conclut-il.