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« ILS AURAIENT PU ME TUER »: UN PÈRE NOIR FAIT FACE À TROIS POLICIERS DE REPENTIGNY BRAQUANT LEURS ARMES SUR LUI



Montréal, 29 septembre 2019 — Un père noir a failli d’être abattu par trois policiers à Repentigny à cause d’un malentendu lors d’une sortie avec son enfant, dans un parc de son quartier.

Le 15 septembre dernier, vers 16 h 00, monsieur Hèzu Kpowbié, 42 ans et spécialiste en techniques numériques dans une entreprise de média, se promène avec son fils de 8 ans et deux de ses amis de race blanche, dans le parc du Moulin à Repentigny, près de chez lui.

L’un des amis de son fils laisse tomber un ouvre-lettre, qu’il a pris de chez lui pour réparer la roue de sa voiture jouet. Monsieur Kpowbié le ramasse et, alors que les trois enfants sont partis faire du vélo, il s’assoit sur un banc, pour regarder une partie de baseball.

Quelques minutes plus tard, alors qu’il est debout, il voit un policier se précipiter vers lui, pistolet à la main, en lui hurlant de laisser tomber son « couteau ». Deux autres policiers arrivent quelques secondes plus tard, qui braquent aussi leurs armes sur lui.

Les policiers lui ordonnent de se coucher par terre. Choqué et terrorisé par ce déploiement d’armes à feu, et par l’idée qu’il pourrait être abattu, M. Kpowbié essaie d’expliquer mais voyant la tension monter, il obtempère et s’allonge sur le sol. Les policiers le menottent et le détiennent dans une voiture de police pendant une trentaine de minutes.

Malgré ses explications, il reçoit ensuite un billet de contravention de 150 $ pour « se trouver avec une arme blanche », puis les policiers le libèrent et confisquent l’ouvre-lettre.

« J’aurais pu être abattu et criblé de balles. Je m’attendais à ce qu’ils tirent sur moi, comme on le voit souvent aux États-Unis. J’avais réellement peur pour ma vie », dit M. Kpowbié.

« Cette intervention policière a été complètement démesurée. Les policiers ont cru voir un homme noir avec un couteau et cela les a rendus nerveux. Or, j’avais un comportement tout à fait normal et que je n'avais nullement l'air dangereux, ou menaçant », selon lui.

« Ce que je déplore c’est qu’après avoir entendu mes explications, ils m’ont quand même accusé d’être en possession d’une arme blanche », précise-t-il.

« Ce déploiement injustifié d’armes à feu aurait pu provoquer une dangereuse escalade et dégénérer en une issue fatale pour M. Kpowbié », selon Alain Babineau, conseiller au CRARR et policier de la GRC à la retraite.

« De plus, ’accusation grave de possession d’arme blanche est choquante par sa frivolité. Il n’y avait en effet aucune raison d’en accuser M. Kpowbié, après les explications données et sans avoir parlé aux parents de l’enfant qui avait perdu l’ouvre-lettre. Il s’agit d’une accusation exagérée qui nous amène à nous demander si les policiers seraient intervenus de la même manière, arme au poing, si M. Kpowbié avait été un père de race blanche », déclare M. Babineau.

Pour le directeur général du CRARR, Fo Niemi, « Cet incident illustre une fois de plus les interventions policières porteuses de tension envers les citoyens noirs de Repentigny et, malgré les promesses des autorités de la ville, ce comportement ne connaît aucun répit. Nous sommes fort inquiets de constater que malgré les nombreuses plaintes déposées contre les policiers de Repentigny, la fréquence des incidents ne diminue pas ».

Notons que le premier policier arrivé au parc et qui a signé le billet de contravention est le même policier impliqué dans un incident de 2017 auprès d’un homme noir qu’il a interpellé et arrêté devant la maison de celui-ci lors d’une piquenique.

Le CRARR représente actuellement cinq hommes noirs de Repentigny dans un total dix plaintes de profilage racial auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et auprès du Commissaire à la déontologie policière. L’incident impliquant M. Kpowbié fera sous peu l’objet de plaintes auprès de ces deux organismes.

Pour visionner le vidéo de l'arrestation :
https://atlantablackstar.com/2019/10/05/white-canadian-cops-aim-guns-at-...