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PROFILAGE RACIAL À REPENTIGNY : PLUS DE 15 POLICIERS IMPLIQUÉS DANS DES PLAINTES À DÉPOSER PAR UN JEUNE NOIR



Montréal, 31 octobre 2018 — Après quatre ans de harcèlement et de profilage à répétition par les policiers de Repentigny, un jeune Noir et sa famille ont décidé de déposer des plaintes contre une quinzaine de policiers du Service de police de la Ville de Repentigny.

Stanley Jossirain, âgé de 22 ans, a été interpelé au moins 7 fois par des policiers du service de police de Repentigny sur une période de 5 mois, soit du 18 mars au 15 août 2018. Les motifs de ces interpellations suivies de contraventions vont de « blasphème contre un policier » à « ne pas immobiliser sans délai son véhicule » ou « ne pas avoir mis son clignotant ». M. Jossirain se retrouve avec plus de 1 500 $ en contraventions et de frais de remorquage.

Dans un cas qui a eu lieu en mars et fait actuellement l'objet d'une enquête du Commissaire à la déontologie policière, deux policiers ont dégainé leurs armes et les ont pointées sur M. Jossirain et son ami de race noire sans raison et sans aucune provocation. Un des deux policiers lui a lancé : « Au moins, il ne va pas mourir par balle, ou finir en prison en train de [se] faire enculer par un autre noir ».

Au mois de mai, les policiers sont intervenus, à la suite d'une plainte de consommation de cannabis, dans un restaurant Tim Horton. À leur arrivée, ils ont ignoré la douzaine de jeunes blancs qui se trouvaient là mais ils ont interpelé et fouillé M. Jossirain et son cousin, de race noire, qui pourtant ne consommaient aucune substance.

En août, M. Jossirain a été suivi par une voiture de police du centre d'achat jusqu'à sa maison. À l'arrivée, il a reçu un billet de contravention de 484 $ pour, prétendument, ne pas avoir immobilisé sa voiture lorsqu'exigé, et un billet de 149 $ pour, prétendument, avoir injurié le policier.

« Je me sens traqué, et persécuté depuis quatre ans par des policiers de Repentigny », dit le jeune homme. « C'est clair que les policiers inventent toute sorte de prétextes pour me harceler et me criminaliser. Je ne suis pas le seul Noir qui est traité ainsi. J'ai l'impression d'être remonté dans le temps et de vivre dans une petite ville du Mississippi ou d'Alabama dans les années 50 », déclare-t-il.

« Je connais des familles noires qui ne se sentent plus en sécurité ici. Gare aux familles noires qui veulent venir vivre à Repentigny ! Sachez que vos jeunes, vos pères et vos maris vont s'exposer aux actes discriminatoires de plusieurs policiers de Repentigny », déclare de son côté Mme Monique Jean-Louis, la mère de Stanley Jossirain.

M. Jossirain a obtenu l'aide du CRARR pour déposer des plaintes en déontologie policière et en droits de la personne contre une quinzaine de policiers impliqués dans sept incidents au cours des derniers mois. Environ 12 % des effectifs policiers de Repentigny sont ainsi visés.

D'après Alain Babineau, conseiller au CRARR et retraité de la GRC, le caractère récurrent des incidents provoqués par différents policiers pourraient être révélateurs de l'existence de profilage racial systémique au sein du service de police de Repentigny.

« Il y a dans le comportement des policiers un « pattern » qui trahit non seulement des déficiences graves au niveau du professionnalisme policier et du respect de la loi, mais surtout des préjugés à l'endroit de Stanley, son frère et ses amis parce que ce sont des jeunes Noirs », déclare M. Babineau.

Le CRARR a l'intention de demander au Commissaire à la déontologie policière de ne pas traiter les plaintes individuellement et de manière isolée, mais de les traiter avec une approche systémique qui tienne compte du contexte global du traitement des Noirs à Repentigny.

Il demandera aussi au Commissaire de statuer sur la responsabilité personnelle de la directrice de police de Repentigny, en sa qualité de gestionnaire d'un corps de police dont plusieurs policiers ont des comportements abusifs et discriminatoires envers des résidents noirs.

« Le profilage racial systémique demande des solutions systémiques, et nous encourageons le Commissaire à adopter une nouvelle approche basée sur la responsabilité déontologique des gestionnaires policiers », déclare le directeur général du CRARR, Fo Niemi.

« Il n'est pas normal, ni acceptable sur les plans légal, social et moral, qu'en 2018 des jeunes noirs et leurs familles à Repentigny soient régulièrement harcelés et traités par des policiers comme des citoyens inférieurs et sans droits tout simplement à cause de leur couleur de peau », conclut M. Niemi.