Fondé en 1983 --Unis pour la diversité et l'égalité raciale

VICTIME DE BRUTALITÉ POLICIÈRE, UNE JEUNE FEMME NOIRE RÉCLAME 30 000 $ CONTRE LA VILLE DE MONTRÉAL



Montréal, 14 juillet 2014 --- Violemment battue par des policiers de Montréal en 2011 alors qu’elle n’avait que 14 ans, une jeune femme d’origine haïtienne a finalement retrouvé la force morale pour dénoncer des actes de discrimination raciale et de brutalité policière qu’elle a subis.

Considérant ses droits et son intégrité physique brutalement violés par des policiers, Nandy, aujourd’hui âgée de 18 ans, est déterminée à aller le plus loin possible avec sa plainte devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, qu’elle a déposée avec l’aide du CRARR l’an dernier.

L’incident remonte à février 2011, au domicile de la mère de la victime, dans le secteur Nord-Ouest de Montréal. Au domicile se trouvent des membres de la famille dont Nandy (âgée alors de 15 ans), sa mère, son frère adolescent, une soeur de 8 ans, et aussi des membres de la famille de sa tante, dont sa tante, sa cousine Shannen (âgée de 14 ans, mesurant 5 pieds et pesant moins de 90 livres) et son autre fille âgée de 8 ans. Enfin il y a aussi une amie de la victime elle aussi âgée de 14 ans. Tous sont à l’intérieur de la maison quand des policiers arrivent à la recherche d'une jeune fille en fugue. Toutes les personnes sont noires, sauf l’amie de la victime, qui est biraciale.

Les policiers procèdent à une fouille de la maison. Une bousculade a lieu, un policier sort sa matraque et frappe l’une des fillettes de 8 ans. Les policiers quittent la maison et ils sont rejoints par d’autres policiers venus en renfort.

Croyant que tout s’est calmé, la mère et le frère de Nandy sortent pour se diriger vers leur voiture stationnée devant la maison. Les policiers sautent alors sur eux et les battent violemment. Quand Nandy, Shannen, leur amie et la mère de Shannen sortent pour voir ce qui arrive, elles sont battues avec des bâtons téléscopiques; la mère de Shannen, également battue sans justification, voit un pistolet pointé sur son visage. Certains policiers ont aussi pointé leur arme à feu vers les jeunes filles.

Les trois adolescentes sont battues de manière répétitive à qui mieux mieux, certaines frappées contre des voitures de police et l’une d’elles a sa tête enfouie dans la neige. Elles sont ensuite menottées et arrêtées. À l'exception de la mère de Shannen, toutes les jeunes filles ainsi que la mère et le frère de Nandy sont emmenés au poste de police, où ils seront détenus toute la nuit (sauf l’amie des filles) et ensuite, accusés pour plusieurs infractions, telles que les voies de fait sur un policier et entrave.

Pendant leur détention dans la voiture policière, Nandy et Shannen sont exposées à des insultes de certains policiers qui les appellent « négresses »; un policier menace de les envoyer à l’orphelinat et un autre leur dit que « son chien est plus propre » qu’elles.

Nandy et son frère sont transportés le lendemain matin à un centre de détention juvénile et traduits en justice. Il sera interdit à Nandy de rester avec sa mère ou de communiquer avec elle ou son frère, bien qu'elle soit proche de ces derniers.

Nandy subit les conséquences néfastes de cette intervention brutale jusqu’au 5 février 2013, date à laquelle elle et sa cousine Shannen sont acquittées par la Cour du Québec suite au constat de la crédibilité et de la cohérence des versions des filles, et après le constat de lacunes de la preuve de la poursuite. Dans sa décision, la Cour déclare que :

Ce soir là, les policiers ont pris une mauvaise décision en décidant d'arrêter [la mère de la victime]…L'intervention est massive et agressive…. [M]ême en retenant que la version de la poursuite, frapper à coups de bâton téléscopique et tenir en joue les 2 adolescentes à la pointe d’un fusil apparaît nettement disproportionné…Si l'intervention policière avait été menée avec plus de discernement, le déroulement des évènements n'aurait pas mené à des accusations à l'endroit de Shannen et Nandy.

Les séquelles psychologiques sont cependant beaucoup plus graves. Nandy sent que sa jeunesse lui a été volée par cette violence policière injustifiée. Elle a dû abandonner l’école et vivre des périodes fort difficiles dans sa vie familiale, étant donné qu’elle était sous interdiction de communiquer avec sa mère et son frère, dont les procès criminels continuent cet automne.

« Entendre des policiers qui nous appellent « négresses » en 2011 et les voir battre aveuglément de jeunes enfants et des femmes chez elles, ça dit beaucoup. C’est clair qu’il y a des policiers à Montréal qui ont de la difficulté de respecter des femmes noires », dit Nandy.

« Soyons franches, si on était des femmes et des filles blanches, jamais les policiers utiliseraient une force aussi excessive et aussi sauvage, surtout contre des enfants de 8 ans et des jeunes filles comme nous ».

Comme dans le cas de sa cousine, le CRARR réclame pour Nandy 30 000 $ en dommages moraux et punitifs contre la Ville de Montréal et les policiers impliqués.