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IL FAUT ÉVITER DE LIER L’IMMIGRATION À L’HOMOPHOBIE



Montréal, 6 mars 2013 --- Le CRARR déplore vigoureusement tout propos faisant le lien entre l’immigration et l’homophobie.

Dans le cadre d’une entrevue publiée aujourd’hui dans le quotidien québécois La Presse, M. Laurent McHutcheon, président de Gai Écoute, a émis la remarque suivante en réaction à la campagne contre l’homophobie lancée par le ministre de la Justice du Québec, M. Bernard St-Arnaud, au début de cette semaine :

« Il n'y a pas si longtemps, l'homosexualité était non seulement anormale, mais criminelle au pays », souligne-t-il. (…) « Beaucoup de gens viennent de pays où l'homosexualité est illégale, ça peut être plus difficile pour eux … . On reçoit des milliers de nouveaux arrivants par année, tous ces gens ne peuvent pas changer de mentalité seulement qu'en prenant l'avion et en arrivant ici. »

Par ailleurs, La Presse a rapporté que « selon M. McCutcheon, outre l'influence du passé religieux, l'immigration en provenance de pays où l'homosexualité est interdite pourrait en partie contribuer à la problématique de l'homophobie au Québec ».

Il est important de souligner que la source de l’homophobie, comme d’autres formes d’intolérance et de discrimination, est l’ignorance, le non-respect des valeurs des droits de la personne et le rejet de la diversité, et non son origine ethnique ou son statut de citoyenneté.

L'association de l'immigration avec l'homophobie est d’autant plus regrettable lorsqu’il n’existe pas de données objectives et scientifiques démontrant que les « nouveaux arrivants », de toutes origines et d’orientations sexuelles confondues, détiennent une part de la responsabilité pour l’homophobie au Québec.

Dans le contexte contemporain, où certains débats sur l’identité nationale et la diversité sociale ont tendance à déraper et à sombrer dans la recherche de boucs émissaires, il est loin d’être fidèle aux valeurs de solidarité et d’égalité de pointer du doigt les immigrants comme étant une source de l’homophobie au Québec.

« Nous avons été témoins, au cours de la dernière décennie, de la manière dont les immigrants sont tour à tour décrits comme constituant un danger pour la sécurité et la santé publiques, un fardeau pour nos programmes sociaux et enfin, une menace pour notre culture et pour les droits des femmes », note le directeur général du CRARR, Fo Niemi.

« Aujourd’hui, on leur reproche maintenant d’être une source génératrice de l’homophobie. Les membres des groupes à la recherche de l’égalité doivent demeurer solidaires des uns et des autres et s’unir pour combattre tous les préjugés, surtout quand des personnes peuvent appartenir à plusieurs groupes en même temps », conclut-t-il, référant aux immigrants qui sont de genres et d’orientations ou d'identités sexuelles différents.