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RACISME DANS LE SOCCER : 2 000 $ DE SANCTION À UN JEUNE D’AVOIR LANCÉ L’INSULTE « F-KNG ARAB”


Montréal, 25 février 2013 --- Selon une première décision judiciaire au Québec relative au racisme dans le soccer, un jeune d’origine italienne doit verser 2 000 $ à un arbitre de soccer d’origine arabe pour lui avoir lancé une insulte raciste lors d’une altercation physique durant un match de soccer.

Dans une décision rendue le 6 février dernier, le Tribunal des droits de la personne a ordonné à M. CC de verser des dommages moraux et punitifs à M. Djamel Smouk qui a été victime de discrimination fondée sur son origine ethnique et nationale.

« Ce fut une longue bataille pour me faire respecter et pour faire sanctionner le racisme dans le soccer, dit M. Smouk, mais il faut le faire, car c’est un sport très populaire et rassembleur pour les personnes de toutes origines, notamment les personnes d’origine arabe, africaine et latino-américaine. Il ne faut pas que ce qui m’est arrivé, arrive aux autres ».

Monsieur Smouk, aujourd’hui 64 ans, est un homme d’origine d’origine arabe résidant au Canada depuis 1973. Il travaille comme ingénieur chez Hydro-Québec depuis 1980 et il a occupé les fonctions bénévoles de Vice-président, de Directeur des équipes, d'entraîneur ainsi que la fonction d’arbitre de soccer.

Les évènements en causes se sont produits le 13 août 2008, lors d’un match à Saint-Léonard. L’équipe du jeune CC, 17 ans à l’époque, faisait partie du match alors que M. Smouk agissait à titre d’arbitre de ligne. Après 70 minutes de jeu, le ballon est sorti du terrain du côté où se trouvait M. Smouk, ce qui a provoqué une réaction de la part de M. CC. M. Smouk entend le jeune prononcer les mots « F-k ref ». Selon le règlement, ce type de langage est interdit et doit être sanctionné par une expulsion.

M. Smouk a rapporté ce propos à l’arbitre principal qui a ensuite expulsé le jeune CC. À la sortie, il y a eu confrontation physique et verbale entre M. Smouk et le jeune joueur mécontent. M. Smouk rapporte que c’est à ce moment précis que le jeune Clemente lui a dit « Now, I can tell you, you are a fuckin Arab ». Selon le jeune, toutefois, celui-ci aurait dit à M. Smouk, « Don’t talk to me in Arab, f-king bastard.” L’arbitre en chef témoigne d’avoir entendu « F-king Arab » et a même fait mention dans son rapport de « tentative d’agression contre lui + propos haineux ».

À l’aide de témoignage de la conjointe de M. Smouk, un médecin qui a aussi constaté des lésions corporelles résultant des coups donnés par le jeune, et de l’arbitre en chef, le Tribunal conclut que M. CC a bien lancé à l’endroit de M. Smouk l’insulte « F-king Arab ».

Le Tribunal est d’avis que le montant de 4 000 $ à titre de dommages moraux et punitifs que réclame la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) dépasse ce qui est requis dans les circonstances particulières du dossier. Selon le Tribunal, les propos discriminatoires prononcés par le jeune ont certes porté atteinte à la dignité et à l’intégrité de M. Smouk, mais d’autres facteurs y ont aussi assurément contribué, comme l’atteinte à l’honneur de M. Smouk en tant qu’arbitre.

Effectivement, après cet incident et après le mauvais traitement de sa plainte par le comité de discipline de la Fédération du soccer du Québec, l’ingénieur a cessé d’agir comme arbitre.

Le Tribunal est aussi d’avis qu’un montant de 1 000 $ à titre dommages punitifs constitue une réparation appropriée. Cependant, le Tribunal est d’avis que la preuve administrée ne permet pas de retenir la responsabilité du père du jeune, qui était présent durant l’incident et qui a puni son fils suite à ces événements fâcheux.

« Tous les joueurs, arbitres et entraîneurs du soccer à Montréal doivent être reconnaissants à M. Smouk d’avoir établi, avec sa plainte, une nouvelle norme élevée de conduite sur le terrain. Il a pratiquement donné un coup de pied dur au racisme dans le soccer », note le directeur général du CRARR, Fo Niemi.

La plainte a été déposée par le CRARR au nom de M. Smouk en 2008 et la CDPDJ a rendu sa décision en mai 2011 après presque trois ans d’enquête. La CDPDJ représente M. Smouk devant le Tribunal.