Fondé en 1983 --Unis pour la diversité et l'égalité raciale

UNE ÉDUCATRICE ET MÈRE MUSULMANE ACCUSE LA RONDE DE PROFILAGE RACIAL ET RELIGIEUX


Montréal, le 9 septembre 2011 --- Une éducatrice musulmane a mandaté le CRARR de déposer une plainte contre La Ronde pour profilage racial après que le parc d’attractions l’ait accusée de fraude, détenue pour l’interroger pendant plus d’une heure et puis, avant de terminer l’enquête, lui ait interdit l’accès pendant un an.

En juillet, Mme N. W. va à La Ronde avec deux amies et leurs enfants. Après un piquenique dans un parc de l’Île Sainte-Hélène, le groupe de huit personnes a pris l’autobus vers le parc d’attractions La Ronde, lequel Mme N. W. fréquente avec sa famille depuis cinq ans. En mars, son mari avait acheté des passeports-saison pour elle et leur fille de huit ans pour la saison 2011.

Alors qu’elle passe le lecteur électronique au tourniquet, un bip se fait entendre. En quelques secondes, deux agents de sécurité, tous deux des hommes, approche Mme N. W. et lui demande de les suivre dans une pièce, dans laquelle elle est détenue et interrogée pendant plus d’une heure derrière des portes closes. Elle apprend que la caméra de surveillance du parc a filmé la scène de trois femmes musulmanes portant un hijab, dont l’une semblerait avoir utilisé son passe. Les agents refusent la demande de Mme N. W. de voir la vidéo et ne lui fournisse aucune description de la suspecte, à part qu’elle porte un hijab.

Bien que Mme N. W. insiste sur le fait qu’elle se trouvait toujours de l’autre côté du parc lorsque l’incident est survenu à La Ronde. Malgré cette précision, les deux agents et une autre employée continuent à l’interroger. Ils la poussent à avouer qu’elle a commis de la fraude. À l’extérieur, ses amies commencent à s’inquiéter et ont appelé le 9-1-1 pour demander l’aide de la police. Cette dernière leur répond que le problème est entre La Ronde et Mme N. W. et qu’elle ne peut pas intervenir.

Quand Mme N. W est finalement relâchée, les agents lui remettent un « Recouvrement civil – Avis aux clients » l’informant que l’enquête sur «l’infraction » se poursuivrait et qu’elle « pourrait recevoir une lettre dans le futur, expliquant le montant des dommages monétaires que nous réclamerons ». Entre-temps, elle ne peut pas le droit de retourner à La Ronde pour une période d’un an, à compter du moment-même où le passeport-saison a été confisqué. En larmes et en état de choc, elle partit avec ses amies et leurs filles après avoir déposé une plainte écrite concernant sa rude épreuve.

Le lendemain, son mari appelle au parc d’attractions pour porter plainte. Il se présente à La Ronde et rencontre un des agents de sécurité, qui réitère la position de La Ronde contre sa femme. Mme N. W. écrit également un courriel à La Ronde pour se plaindre du mauvais traitement. Un superviseur du service à la clientèle lui répond, presqu’une semaine après l’incident, que « l’enquête poursuivait son cours et que des responsables de la protection des ressources entrerait en contact avec elle une fois l’enquête terminée ».

Convaincue qu’elle est victime de profilage racial et religieux, Mme N. W. mandate le CRARR deposer une plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec. Dans cette plainte, le CRARR cite également de nombreuses violations des droits et libertés de la personne de Mme N. W., y compris le droit d’être présumée innocente jusqu’à la preuve de sa culpabilité et le droit d’examiner la preuve utilisée contre elle.

Dans la plainte, le CRARR réclame 25 000 $ de dommages contre Parc Six Flags Montréal, le propriétaire de La Ronde, et les trois employés qui ont détenu et interrogé Mme N. W. en ne respectant pas adéquatement ses droits reconnus par la loi. La plainte du CRARR demande également que Parc Six Flags doive revoir et modifier ses techniques d’interception, d’interrogation et de sanction, telle que la pratique de retrait immédiat des passes du parc et le bannissement des suspects pour un an ou plus avant la conclusion de l’enquête.

Tout comme ses amies, Mme N. W. a été traumatisée par l’incident et a juré de prendre tous les moyens possibles pour défendre sa réputation. « En tant que mère, éducatrice et musulmane pratiquante, c’est une attaque suprême à mon honneur, à ma dignité et à mes droits de la personne », dit-elle.

« C’est du profilage racial et religieux à l’état pur. Il se trouve que j’étais une femme portant le hijab comme la suspecte, mais, le fait demeure que, je n’ai même pas eu le droit de voir les images vidéo utilisées contre moi », a-t-elle ajouté. « Je ne sais même pas si la suspecte me ressemblait, portait les mêmes couleurs ou si l’autre femme portant un hijab ressemblait à mes amies ».